
Wassily Kandinsky avait un don particulier, la synesthésie, qui lui permettait de "voir" les notes de musique comme des couleurs et d'"entendre" les couleurs comme des notes de musique. C'est certainement pour cela que ses peintures sont tellement hautes en couleurs ! Considéré comme l'un des peintres les plus importants du XXème siècle, il est l'un des fondateurs de l'art abstrait.
Tout petit, Wassily eut une première expérience marquante lorsque, mélangeant les couleurs d’une boîte de peinture offerte par sa tante, il entendit les couleurs « siffler »… Puis, lors de la représentation de l’opéra Lohengrin de Richard Wagner, il vit « les couleurs au plus profond de son être ; elles se tenaient debout, dans l’axe de son regard. Des lignes sauvages, presque folles, qui dansaient devant lui. » Ces deux expériences sont la conséquence de sa synesthésie. Mais, doué pour les études, il se préparait à devenir professeur de droit à l’université. Il changea soudain d’avis après avoir visité les villages de la région de Vologda, dont les maisons étaient peintes de couleurs très vives : il raconte qu’il avait l’impression de se mouvoir dans un tableau. Il consacra dès lors sa vie à l’art, et son étude des coutumes et du folklore des paysans russes, notamment l’usage de couleurs vives sur fond noir, rejaillit sur ses premières œuvres. Il écrit : « la couleur est le clavier, les yeux sont les marteaux et l’âme est le piano avec les cordes ».
En 1895, avant de quitter Moscou, voyant une exposition de Monet, il est impressionné par la représentation d’une meule de foin : c’est la première fois qu’il voit des œuvres non réalistes, et cela lui montre la puissance de la couleur utilisée presque indépendamment de l’objet lui-même. Kandinsky s’installe en Allemagne, et ses peintures se réduisent peu à peu à l’essentiel : les formes et les couleurs.
Puis, en 1910, il peint la première œuvre abstraite à partir d’une conviction : substituer à l’imitation de la « réalité » du monde matériel une création pure de nature spirituelle qui ne procède que de la seule nécessité intérieure de l’artiste. Les peintures de cette période comportent de grandes masses colorées très expressives, évoluant indépendamment des formes et des lignes qui ne servent plus à les délimiter ou à les mettre en valeur, mais se combinent avec elles, se superposent et se chevauchent de façon très libre pour former des toiles d’une force extraordinaire.
Les éléments géométriques prennent une importance grandissante, en particulier le cercle, le demi-cercle, l’angle et les lignes droites ou courbes. Chacune de ses œuvres témoigne d’une grande liberté, notamment par le traitement des surfaces riches en couleurs et en dégradés magnifiques.
Pour Kandinsky, une œuvre d’art est une « création mystérieuse, énigmatique et mystique… elle acquiert une vie autonome, développe une personnalité indépendante, animée d’un souffle spirituel ». Il regardait et interprétait le monde autour de lui, créant d’incroyables œuvres d’art.
Installé finalement à Paris, Kandinsky s’y trouve un peu isolé, l’art abstrait, en particulier géométrique, n’y étant que très peu connu. Dans certains de ses derniers travaux, Kandinsky revint à la représentation, mais d’une manière étrange et décalée, avec l’apparition de formes biomorphiques aux contours souples et non géométriques. Il recourt à des compositions de couleurs inédites qui évoquent l’art populaire slave. Bleu Ciel est une de ces peintures irrationnelles et étranges…
Dans les œuvres de Kandinsky, un certain nombre de caractéristiques sautent immédiatement aux yeux, tandis que certaines sonorités sont plus discrètes et comme voilées, c’est-à-dire qu’elles ne se révèlent que progressivement à ceux qui font l’effort d’approfondir leur rapport avec l’œuvre et d’affiner leur regard. Il faut donc essayer d’aller au-delà de la première impression ou d’une identification grossière des formes : l’artiste les a subtilement harmonisées et mises en accord pour qu’elles rentrent en résonance avec l’âme du spectateur…